Propos Recueillis en Kinyarwanda et Traduis en Francais, par Mushavidi mu Muhire (Journaliste Independant). Date: le 23 Avril 2009
Kinamakuru Imvaho Nshya no. 1885 Turiki ya 23-04 Gashyantare 2009 HEBDO independentt
J-M-N: Journal Imvaho Nshya; P-J-K: Président Joseph Kabange.
J-M-N: Bonjour Mr. Le Président! Soyez le bien venu en terre rwandaise: Amakurui
P-J-K: Ni amahoro!
J-M-N: Avant de commencer notre entretien, nous aimerions savoir en quelle langue vous sentirez vous plus à l’aise?
P-J-K: Naturellement en Kinyarwanda. Ça me permettra de souffler un peu après tout ce temps que je passe au Congo où il y a tant des langues indigestes, et on m’oblige d’apprendre quelques unes.
J-M-N: Le Président Kabila est Congolais, pourquoi ne pas s’exprimer en Lingala?
P-J-K: Vous savez les Kinois s’amusent si souvent à écouter quelqu’un qui prononce mal. Moi, je ne voudrais pas trop accumuler des situations où je me rends ridicule. Lors des élections de 2006, je m’étais hasardé à déclarer que ” Mukumbi Maki abundaka te“, et vous êtes sans oublier ce que cela veut dire en Kinyarwanda. Mais on m’avait laissé entendre que ça m’avait tellement rendu ridicule que je me demandais si c’était cela qui faisait rire les congolais quand ils me regardaient. Heureusement que Kamerhe avait vite rectifié les tirs.
J-M-N: Et le Swahili? D’ailleurs à l’entrée de l’AFDL au Congo, le crapaud Laurent avait tenté d’imposer le Swahili. Qu’en est-il. Est-ce que les kinois se forcent de parler Swahili?
P-J-K: Non, Vous savez, les kinois il faut le connaitre. Ils sont de fois têtues. Ils adorent tellement leur Lingala que c’est plutôt moi qui apprends leur langue. Ah ah ah ah ah ah! En ce qui concerne l’imposition du swahili, je ne suis pas vraiment chaud. Mais si c’était le kinyarwanda, là je pèserai de mon poids pour l’imposer: Rions un peu. Kinyarwanda veut dire en Lingala” Kin ya Rwanda“, c.à.d. Kinshasa appartient au Rwanda. Mais cela nécessiterait l’importation de plus Kinyarwandaphones à l’ouest du Congo.
J-M-N: Là vous lancez une invitation aux rwandais au Congo?
P-J-K: Oui tout à fait. J’espère que nous aurons le temps d’aborder ce volet.
J-M-N: OK. Nous reviendrons plus tard à ce sujet sur votre invitation.
Comment vous-sentez?
P-J-K: Très bien. Mais comme l’idéal n’existe pas, je dirai que je me sens un peu frustré de n’avoir pas été en mesure d’épouser une compatriote tutsie. Toutefois, ça va. Ça me couvre un peu.
J-M-N: Êtes-vous entrain de dire que votre être est au Congo, mais le Cœur est au Rwanda?
P-J-K: C’est évident. Il n’est pas facile d’oublier ses origines, surtout quand on quitte le pays à l’âge adulte. D’ailleurs, quand on naît rwandais, on meurt rwandais. Cela est resté en moi, malgré les lourdes charges que les congolais m’ont confiées.
J-M-N: Bravo. Qu’est ce que les congolais disent de votre nationalité Rwandaise?
P-J-K: Bonne question! Les congorais sont formidables. Ils ont trouvé eux-mêmes des voies et moyens pour officiellement effacer mes vraies origines rwandaises. Mon père adoptif est devenu père biologique, sa concubine est ma mère. J’ai même été adopté par des chefs coutumiers.
J-M-N: Vous sentez-vous à l’aise dans cette peau qui ne reflète pas vos racines?
P-J-K: Ça-va. Je m’amuse bien. Vous savez, c’est comme un théâtre. Si vous jouez un rôle cela ne veut pas dire que vous devez être affecté par votre rôle, même si ce rôle vous caractérise parfaitement. L’essentiel est que vous conduisez bien la mission qui vous a été confiée.
J-M-N: Quelle mission?
P-J-K: Favoriser nos intérêts au Congo. Mais laissez-moi revenir sur la nationalité. Je dois confesser que ça me fait parfois mal de renier mes parents, toutes mes origines, voire même mon nom. Heureusement que certain congolais demandeur d’asile pour la plupart, m’appellent par mon vrai nom de Kanambe, et ça me fait vraiment du bien.
J-M-N: Si vous aimez tant ce nom, pourquoi ne pas le reprendre?
P-J-K: Vous me soufflez une bonne idée. Il semble qu’Omar Bongo avait changé de nom. Je pense que le nom de Joseph Hyppolite Kanambe Kabila Kabange sonne très bien. D’ailleurs des congolais sont habitués avec des longs noms. Râperez-vous de Mobutu. En 2011, lors de mon investiture, je voudrai que les congolais à travers toute la république puissent me reconnaître par mon vrai nom ” Kanambe“ en mémoire de mon feu père qui leur a donné un président. Ainsi je jurerai au nom de Joseph Hyppolite Kanambe Kabila Kabange. Ça ne surprendra personne. Je me suis inspiré de Mr. Barack Obama qui a retrouvé son second middle Name ” Hussein“ seulement après sa brillante élection et tout le monde a accepté.
J-M-N: Ne voyez-vous pas que là vous risquez de réveiller le chat qui dort?
P-J-K: On ne réveille pas un chat qui est débout, qui voit et qui écoute. J’avais un peu peur lors des élections de 2006. Bemba avait tenté de me discréditer. Mais mes lieutenants ont pu très vite l’étouffer, il ne pouvait pas résister aux intimidations de mes services; et comme il est sans conviction réelle il a vite cédé.
J-M-N: Peut-être qu’il reviendra avec la même stratégie en 2011?
P-J-K: Il restera à la CPI jusqu’en 2012. Les élections auront déjà eu lieu. D’ailleurs, même s’il se présente, les congolais ne lui font pas confiance. Sachez seulement que tous les indices indiquent que je serai réélu cette fois-ci dès le premier tour, et ce sera une défaite personnelle si je remporte moins de 80%. En passant, je suis actuellement très populaire même dans la province de Mobutu.
J-M-N: Qu’arrivera-t-il en 2016? Modifierez la constitution pour que vous soyez à mesure de vous présenter aux élections encore une fois?
P-J-K: Nous ne sommes pas encore là. Mais c’est courant en Afrique. Etant jeune je souhaite battre le record de Omar Bongo. Je ne démissionnerais qu’après 45 ans de pouvoir et que j’aurai assuré une succession tutsie à Kinshasa.
J-M-N: Sur qui comptez-vous pour votre longévité au pouvoir au Congo?
P-J-K: Je compte beaucoup sur Edouardo do Santos à qui j’ai cédé Kahemba et des terres à Mbanza-Ngungu comme compensation. Mais surtout je compte sur le soutien de mes compatriotes. Mon oncle James Kabarebe plaide toujours en ma faveur auprès du grand sage que j’adore, je cite son excellence Paul Kagame.
J-M-N: Savez-vous qu’il a sacrifié Laurent Kunda! Pourquoi pas vous?
P-J-K: Par qui va-t-il me remplacer?
J-M-N: Ruberwa, Bizima et tant d’autres…
P-J-K: Ah ah ah ah ah ah. Pour nos intérêts il faut être réaliste. Je suis le candidat idéal vu mon adoption par les Congolais. Nous avions confié une mission à Ruberwa et autres de s’emparer du leadership de l’opposition, mais où en sommes-nous? Je crois que nous n’avons pas besoin de commettre des telles erreurs graves.
J-M-N: Dites-nous quel est l’objectif de votre visite?
P-J-K: Je suis venu présenter le bilan de la première phase de notre plan et présenter les nouvelles perspectives tenant compte des réalités sur le terrain. Vous savez le nucléaire sera la technologie de demain. C’est ainsi que j’ai conçu un plan que je dois discuter avec mes
compatriotes experts afin de transférer toutes les réserves de l’Uranium congolais au Rwanda. Et cela le plus vite possible. Je suis convaincu que ce plan ne va pas rencontrer des résistances de la part de l’administration de Kigali.
J-M-N: Nous ne devrions pas poser cette question. Mais avant de clore ce dossier ne pensez-vous pas que les Congolais vont dire non?
P-J-K: Avez-vous déjà été au Congo? Vous me donnez l’impression de ne pas connaître les congolais. C’est un peuple que je n’ai jamais connu. Tu peux marcher sur un congolais il te dira plutôt merci. Pour quelques billets verts, ils sont capables de sacrifier tout, même vous abandonner leurs femmes.
J-M-N: Abordons à présent le dossier de la politique interne. Vous avez dit que vous jouez parfaitement bien le rôle qu’on vous a confié.
P-J-K: Nul n’est prophète chez soi. Mais au Congo je dois dire que je suis presque un dieu. Surtout au début, je ne connaissais rien, je ne faisais que m’amuser à conduire des jeeps, les congolais eux-mêmes me défendaient. C’est le cas jusqu’à présent.
Les évêques viennent s’agenouiller devant moi. Je craignais beaucoup le cardinal Etshu. Heureusement il a vite disparu.
J-M-N: Est-ce que cela va continuer?
P-J-K: Mobutu avait fait plus de trente ans au pouvoir, et vu la façon dont ils m’adorent, il y a même certains qui me disent que le peuple congolais me vénère plus qu’à l’époque de Mobutu. Je peux vous garantir que je ferai plus de 45ans.
J-M-N: Pouvez-nous nous parler des institutions du Congo?
P-J-K: Je suis le Président, il y a un parlement avec deux chambres. Nous nous sommes arrangés pour mettre nos compatriotes à la tête de toutes les institutions. Mais Kamerhe a manqué du respect, c’est ainsi que nous l’avions écarté malgré moi. C’était plutôt plus facile de placer Kengo Wa Dondo au Sénat. Lui est un compatriote, mais longtemps accepté au Congo.
J-M-N: Que ferez-vous pour résister aux demandes d’extradition de Laurent Nkunda?
P-J-K: Vous savez que traditionnellement un rwandais ne fait pas du mal à un autre rwandais à l’étranger. Nous pouvons nous battre, mais c’est seulement au pays et non à l’étranger. C’est ça qui explique le fait que j’avais laissé intact le compatriote Ruberwa à la fin de la formule 4+1. J’avais dépouillé Bemba, sans perturber mon frère, cela au vu et su des congolais, et personne ne m’a interpellé.
J-M-N: vous ne parlez que de Ruberwa ?
P-J-K: J’ai évoqué là l’esprit général qui m’anime pour traiter mes frères. Revenons à Laurent. J’avais dit au congolais que Laurent Nkunda n’est pas un sac d’haricot et cela devant des nombreux journalistes. Voilà qui explique tout.
J-M-N: Mais Bemba est à la CPI. Est-ce que lui est un sac de maïs?
P-J-K: Il est là pour ses crimes en Centre-Afrique. Mes pions préparent déjà un dossier à soumettre à la CPI sur ses crimes au Congo. Il doit être puni pour avoir tué mes compatriotes à Kisangani. Il est facile de traduire des Congolais en justice même avec les crimes qu’ils n’ont pas commis. D’ailleurs eux-mêmes disent que le monde les considère comme étant des mouches, même pas des animaux.
A suivre…
Interview Inedite en Kinyarwanda de Joseph Kabila Kabange, President de la Republique Democratique du Congo au Journal « Imvaho Nshya » (Kigali, Rwanda). Propos Recueillis en Kinyarwanda et Traduis en Francais, par Mushavidi mu Muhire (Journaliste Independant).
Ikinamakuru Imvaho Nshya N°1885 Turiki ya 23-04 Gashyantare 2009 HEBDO independent